Valoriser la culture Queer : le prix Gouincourt

Vous connaissez tous le prix Goncourt. Mais connaissez vous le prix Gouincourt ? Moins connu, mais pas moins fort de sens, découvrez le prix de la culture Queer.

Valoriser la culture Queer : le prix Gouincourt
Photo by Edoardo Botez / Unsplash

Cet automne se tiendra la 121 -ème édition du célèbre prix Goncourt, un prix littéraire francophone dont la réputation n'est plus à faire. Vous en avez d'ailleurs probablement déjà entendu parler, mais connaissez-vous son petit frère le prix Gouincourt ? Premier concours centré sur la littérature lesbienne, il lance sa première édition en cette rentrée 2025. Derrière ce prix audacieux, deux personnes : Lauriane Nicol et Alex Lachkar, tous deux spécialisés dans la culture lesbienne. En effet, la première a créé un média entièrement dédié à la culture saphique, Lesbien Raisonnable, et le second est chercheur en littérature lesbienne. Leur projet est aussi soutenu par le fond Lesbiennes d'intérêt général.

Nous avons eu la chance de nous entretenir avec Lauriane Nicol et Alex Lachkar. 

Si un prix littéraire gay existe depuis 2013, jusqu'à aujourd'hui aucun ne valorisait la littérature lesbienne. Or, l’absence de mise en lumière des représentations déjà peu existantes peut empêcher les jeunes lgbt de se sentir compris et de pouvoir s'identifier à des personnages qui les représentent. Mais qu'est ce qu'est exactement la littérature lesbienne ? 

Cette définition est complexe et mouvante, même pour L. Nicol et A. Lachkar : “Faut-il qu’il y ait un ou plusieurs personnages identifiés comme lesbienne ? Une mise en scène d’une histoire d’amour lesbienne ? Ou bien faut-il que l’autrice soit lesbienne ? Ou bien le critère de la réception, c’est-à-dire que le public qui l’attend et le lit soit des lesbiennes ? En fait, aucun de ces critères n'est suffisant, aucun n'est vraiment objectif. C'est un peu un mélange de tous ces critères.”

Le sujet a même fait l'objet d'études, résumées en un livre : Écrire à l'encre violette.

Les personnes LGBTQ+ brouillent toujours les frontières des genres et du genre, c'est très poreux, et c'est tant mieux.

La première sélection pioche ses livres parmi ceux des petites maisons d'édition indépendantes, c'est-à-dire non financées par des milliardaires comme Bolloré. Les organisateur.trice.s ont aussi fait attention à promouvoir la diversité, afin de ne pas mettre en valeur que des auteur.rice.s blanc.he.s, cisgenres et valides. Même les genres littéraires représentés sont variés : si l'idée d'origine était de se limiter à la littérature générale, les critères ont finalement été élargis : la sélection contient par exemple de la littérature young adult ou de la science-fiction.

Le jury est composé d’historien.ne.s de l’art, de poète.étesse.s, de dramaturges, de responsables éditorial, d’autreur.trice.s. Parmi elles et eux, on compte la célèbre écrivaine Virginie Despentes ou encore l'actrice Anna Mouglalis, ancienne élève du lycée Guist'hau. La sélection des 14 ouvrages en lice a été publiée en septembre. Le jury délibère encore, et dévoilera au cours du mois les 7 finalistes. Nous ne saurons que le 7 novembre le nom du ou de la lauréat.e, lors de la remise des prix à Paris. Les critères de sélection ? L'inventivité, l'originalité, les qualités littéraires, le style, selon les préférences du jury.

Que le ou la meilleur.e gagne !

Mona Berthelot-Rochais, Charlotte Le Brun